Paroles d'escape
Zompa
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29.11.2020
A l’heure où les escape rooms sont contraintes de garder leurs portes closes, certaines enseignes ont décidé de continuer à divertir leurs joueurs confinés. Je suis partie (virtuellement bien sûr) à leur rencontre. Troisième épisode avec Thibault, brand & franchise manager pour Escape Hunt France. La franchise britannique a développé dès le premier confinement une série de jeux à imprimer aux univers forts. En France, un calendrier de l’avent escape game a vu le jour, pour le plus grand plaisir des amateurs de chocolat et d’énigmes bien ficelées.
Nous avons souhaité proposer à nos joueurs des escape games simples à mettre en place, qui nécessitent seulement une imprimante, un peu sur le modèle des livres-jeu. En parallèle, un site internet donne aux joueurs des ressources annexes pour évoluer dans leur mission.
Avec les escape games, on avait l’ambition de ramener le point and click et le livre-jeu dans la vraie vie… Et voilà qu’on se remet à créer des jeux papier ! C’est une période un peu étrange pour nous.
Nos deux jeux les plus populaires sont Braquage à l’anglaise et Blackwood. Il s’agit de deux enquêtes qui fonctionnent sur le principe d’un tableau à entrées multiples permettant de lier un suspect à un lieu et un objet, sur le principe du Cluedo. A l’aide d’une série d’indices à imprimer, les joueurs doivent résoudre une vingtaine d’énigmes pour affiner leur grille logique et trouver les coupables.
Ce sont les deux jeux les plus collaboratifs, car chaque joueur de l’équipe peut s’atteler à une énigme, comme dans une salle d’escape. Ces scénarios sont même jouables facilement en visio. Les quatre autres jeux ont une histoire plus travaillée avec des rebondissements, mais plus linéaire.
L’accueil a été bon, car nos univers sont forts. Celui sur le jour des morts a très bien fonctionné le jour d’Halloween. Un septième jeu sortira pour Noël.
D’abord grâce à la musique. Chaque jeu a sa propre playlist Spotify. Ces bandes son permettent aux joueurs de se mettre dans l’ambiance chez eux.
Il y a également eu un travail poussé sur la direction artistique pour chaque jeu et puzzle. Il y a très peu de manipulation à faire dans nos jeux, alors nous jouons au maximum sur la qualité du graphisme pour embarquer nos joueurs dans les énigmes. Les visuels deviennent encore plus importants dans un jeu papier, puisque les joueurs n’ont que ces supports à disposition pour comprendre l’histoire.
Avec plaisir, puisque c’est une idée que j’ai eu et je suis fier du résultat ! Les autres années, nous organisions un calendrier de l’avent sur Facebook, en livrant une énigme par jour. Cette année, c’était le moment d’innover. Pour moi le vrai calendrier c’est celui de mon enfance, avec des cases à ouvrir et des chocolats à l’intérieur. Alors c’est ce qu’on a fait !
Nous avons créé un calendrier physique avec des chocolats, mais aussi un QR code imprimé dans chaque case. En flashant ce code, les joueurs ont accès à une nouvelle énigme.
La création de l’histoire est née de l’illustration que nous avons choisie pour le calendrier. Tous ces Pères Noël entassés, et cet unique Père Noël vert… Cela soulève plein de questions, et cela nous a beaucoup inspirés ! Le secret : le véritable Père Noël est habillé en vert, et les autres sont ses assistants qui l’aident à assurer la distribution des cadeaux. Chaque jour, les assistants sont confrontés à un problème dans leurs préparatifs de Noël, et le joueur doit résoudre l’énigme pour les aider. Et chaque jour donne un indice permettant d’accéder à la grande énigme du 24 décembre !
Qu’y a-t-il de particulier à avoir en tête quand on conçoit des énigmes qui s’étalent sur un mois ?
L’objectif est que le joueur puisse résoudre l’énigme du jour en 5-10 minutes. Il scanne le code chez lui avant de partir prendre son bus, ou bien il y joue avec ses collègues autour de la machine à café… L’optimisation pour smartphone était donc indispensable.
Il a fallu aussi créer un moyen d’aider les joueurs qui bloquent sur une énigme. Nous avons donc mis en place un chatbot « Mère Noël » sur notre page Facebook et notre site internet.
Penses-tu qu’Escape Hunt renouvellera ce type d’offre l’année prochaine ?
Sûrement, car ce premier calendrier a été un succès : les 1 000 exemplaires ont été écoulés dès le 12 novembre. C’est aussi un projet inédit en France : des calendriers digitaux ont été lancés par certaines enseignes, mais pas de calendrier physique. Et on sait maintenant qu’il y a un public pour ce type de jeu.
J’aimerais l’année prochaine pouvoir créer un grand calendrier qui soit uniquement physique, avec des énigmes imprimées directement dans les cases.
Comment se passe ce deuxième confinement pour toi ?
Je ne suis pas moins occupé que d’habitude. Les établissements sont fermés, mais nous avons eu davantage de réflexions pour animer ce mois de décembre à distance. Les entreprises nous contactent aussi beaucoup pour des animations visio à distance durant cette période de fin d’année.
Je ne suis pas sûr que l’escape game à distance entrera durablement dans les mœurs comme les escape rooms. Mais ce qui est rassurant, c’est qu’entre les deux confinements, les gens sont revenus jouer dans nos salles. L’appétit de jouer ensemble était toujours là, malgré la période de pandémie. Je pense que les gens seront heureux de revenir dès qu’ils le pourront. Et en attendant, on poursuit notre mission : aider nos joueurs à s’évader !